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CHARLOT S’AMUSE

nant comme un bœuf, dans une évocation navrante et précise.

C’était Paris, la mort de son père, les brutalités maternelles, rentrée à l’école, le premier étiolement, l’amitié d’Origène, la chute, la lente et inconsciente descente dans le vice. Il retrouvait Hilarion, Eusèbe, reconstituant leurs visages effacés, se remémorant leurs gestes, leurs discours, mais s’acharnant en vain à se rappeler d’autres personnages secondaires, et se secouant, furieux de l’oblitération de sa mémoire.

Il arrivait de nouveau à Saint-Dié. Isidore l’interrogeait. Il avait peur alors de ce vieil hypocrite, peur aussi de l’abbé Choisel, peur de tout le monde. Était-il bête d’avoir attendu de connaître ces gens-là pour comprendre comment on l’avait abusé ! Puis Mlle  de Closberry le prenait chez elle ; la pauvre bonne vieille demoiselle !… Il l’aimait bien.

Et son cœur s’attendrissait à énumérer toutes les bontés de sa protectrice.

C’est chez elle qu’il connaissait Lucien Leroy. Il adorait son nouvel ami, et c’était le bon temps ! Un jour, à Ormont, il avait, dans ses bras, connu les extases partagées, les bruyants spasmes qui se font écho. Si maintenant il devait succomber à son mal, il voulait