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CHARLOT S’AMUSE

geait, et à qui sa qualité même de Parisien, dans ce petit monde enfantin et provincial, avait, dès la première heure, amené autant d’admirateurs que d’envieux. Avec cela, il éprouvait, pour ce nouveau camarade blond et faible, naïf et plus jeune que lui, une sympathie instinctive, à laquelle se mêlait je ne sais quel obscur orgueil de lui être supérieur.

Bébé, lui, alla de suite à ce grand garçon brun, robuste et fort, emporté par un élan involontaire de confiance, et incapable d’analyser l’attraction qui le poussait vers cette nature si différente de la sienne. Ils s’aimèrent.

D’abord, ce fut une camaraderie joyeuse, resserrée par les jeux partagés et les semonces reçues en commun. Leurs deux maisons se touchaient, accolant leurs jardins, dans une contiguïté familière qui fit pareille la vie des deux enfants et les rendit inséparables. L’oncle de Lucien étant un vieil ami de Mlle  de Closberry, nul ne contraria les étroites relations des deux écoliers.

Leur amitié cependant se faisait de jour en jour plus tendre. Ils jouaient moins, se promenant comme des hommes sous les arbres, et causant à voix basse. Les premiers temps, leurs entretiens se bornaient à des bavardages