Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
CHARLOT S’AMUSE

bancs les plis secs de sa soutane qui moulait, comme en un linceul noir, les lignes anguleuses et roides de son corps. Toujours silencieusement, et sans que sa clef grinçât dans la serrure, ou que le vieux chêne criât, il ouvrit le confessionnal.

Charlot était à genoux, maintenant, balbutiant son Confiteor, n’apercevant plus à travers le grillage, dans l’intérieur de la boîte, que le crâne luisant du petit homme et ses yeux phosphorescents. Il s’arrêtait, ne se rappelant plus la fin de l’oraison contrite :

C’est pourquoi je prie Sainte-Marie toujours vierge… toujours vierge… toujours vierge…

Il barbottait indistinctement en mâchonnant son toujours vierge, distrait par la flamme de ce regard, qui le poursuivait encore lorsqu’il fermait les paupières. Et, furieux contre sa mémoire rebelle, honteux de ce rapprochement, il se débattait, son esprit s’accrochant désespérément au souvenir du chat blanc du concierge Rosier, que sa mère poursuivait chaque soir, sous prétexte qu’il pissait sur son paillasson. Étant tout petit, il avait peur quand, la nuit, il rencontrait la bête, et, à cette heure, agenouillé dans le confessionnal, devant l’éclair continu des yeux du prêtre, il revoyait