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CHARLOT S’AMUSE

confrère, l’ami et le protégé de la congrégation, avait besoin de lui.

Les deux hommes à présent parlaient bas, craignant d’être entendus d’Origène. Charlot ne saisissait plus que quelques bribes de phrases hérissées de mots latins, de consonances scientifiques, barbares, dont l’inconnu l’effrayait comme le prélude de quelque chose d’épouvantable qui allait se passer devant lui. Parfois, les deux docteurs se rapprochaient du lit, interrogeaient l’ignorantin, ou l’examinaient, penchés, leurs crânes roses et luisants se touchant au-dessus de la couchette.

Le frère était pâle comme un linge ; il restait immobile, ne criant plus que lorsque les médecins le palpaient. De sa place, l’enfant voyait distinctement le faciès tordu de son bon ami et ses yeux dont, comme une bille d’émail, le blanc apparaissait seul, papillotant.

Le docteur Perrin cependant s’impatientait et tirait fréquemment sa montre : on tardait bien à apporter ses instruments !

Et il disposait au chevet du lit, sur une petite table, une cuvette pleine d’eau, des bandes, des compresses, de la charpie, une palette de fer-blanc et une trousse dont les poches ouvertes laissaient voir des petits outils qui brillaient. Puis, pour tuer le temps, il fai-