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CHARLOT S’AMUSE

remords lui venait d’avoir douté de son bon ami et de l’avoir injustement accusé.

— Depuis quand est-il malade ? interrogea-t-il.

— Depuis ce matin…

Ce fut une désillusion. Le gamin était prêt de pleurer, mais en même temps un besoin d’excuser son maître et de le revoir l’empoignait à parler de lui. Il a, peut-être, été enfermé comme moi, pensait-il, et il ne songeait plus qu’aux moyens de le retrouver. Justement frère Hilarion sortait, il fallait utiliser son absence. Profitant de ce qu’on ne le surveillait pas, il se glissa dans l’escalier.

Il eut bientôt trouvé la chambre où était Origène. Des hurlements de douleur, qui firent se dresser les cheveux de l’enfant, en sortaient comme il passait devant la porte.

Il s’arrêta, pris de peur, suffoquant d’émotion, n’osant bouger. Les cris continuaient, effrayants et suraigus, parfois n’ayant plus rien d’humain. Quand ils s’arrêtaient une minute, une voix chevrotante s’élevait. Charlot saisit quelques mots. C’est le médecin, pensa-t-il, et n’ayant plus le courage d’entrer, il se glissa sans bruit dans un cabinet qu’il savait être à côté de la chambre du malade, et où l’on mettait les fournitures d’école. Il s’assit sur les rames