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CHARLOT S’AMUSE

cachées par sa paupière, qui retombait, appesantie, semblant plus rose sur le cercle bleuâtre environnant l’œil.

Ce n’était plus le blondin charmant qu’enviaient les mères, mais un petit malade aux traits tirés, à la physionomie préoccupée et morose, dont un mal innommé avait fané et impitoyablement flétri la fleur de santé.

Une paresse musculaire envahissait le gamin autrefois si joueur et rendait nonchalante son attitude, fatigant ses moindres efforts. Au bout d’une semaine de cette claustration, il en était arrivé à bénir la pluie qui empêchait sa promenade, car, d’ordinaire, il rentrait las et brisé d’avoir monté l’escalier, souffrant dès le premier étage d’une anhélation douloureuse et de palpitations subites. Il mangeait à peine, digérant mal, sentant son caractère changer peu à peu, cédant à chaque instant à des envies de pleurs et, cependant, pris d’amour pour sa solitude, qui le laissait en tête-à-tête avec son mal.

En vain le directeur lui apportait des livres, de belles histoires comme il les aimait, illustrées de nombreuses gravures et reliées comme les ouvrages de distribution de prix. Il ne lisait plus, indifférent à tout, sentant s’affaiblir sa mémoire et s’émousser son intelligence.