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CHARLOT S’AMUSE

yeux de furet, le remarquerait sans doute. Bébé était trop gentil pour qu’il n’en fit pas son favori, et, du reste, ne fût-ce que pour avoir, le cas échéant, un rapport dénonciateur à présenter au supérieur général, le vieux mâle interrogerait le nouveau venu. Hilarion connaissait son élève maintenant. Le moutard, dans son désespoir de quitter Origène, et devant l’offre d’un livre à images ou de quelques friandises, dirait bêtement le scandale dont il avait été la cause et le témoin. Ce serait tout une histoire, non que le directeur et ses acolytes risquassent un renvoi — le frère Philippe aurait eu trop à faire s’il avait voulu expurger son ordre de tous les frères coupables de pareils péchés ! — mais il se pouvait fort bien qu’on les déplaçât.

Rue des Récollets, dans e quartier ouvrier, mais riche, ils étaient heureux, choyés des familles, réalisant maints petits profits et gâtés par le clergé de la paroisse voisine. Si on les envoyait en disgrâce dans quelque trou déshérité de la banlieue, c’en était fait de leur liberté relative, de leur douce existence et de tous leurs projets d’avenir. Décidément, il fallait aviser au plus vite, parer le coup, sauver la situation. Pour son compte, Hilarion tremblait à la pensée d’être seul fait responsable de ce