Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
CHARLOT S’AMUSE

sortir de ces lèvres dévotes les injures crapuleuses qu’au quai Jemmapes, sa mère et le ménage Rosier échangeaient, les soirs de soulographie. Hilarion rétablit la paix, infligea des pénitences, mais dès lors surveilla le manège de frère Origène, pris lui-même d’un accès de jalousie et d’une colère à peine contenue, à l’idée que son sous-maître préféré, celui qu’il appelait « cher fils », le trompait doublement, échappant à la fois à son affection et lui enlevant ce blondinet chéri guetté depuis deux mois.

Charlot et son ami se tinrent désormais alors sur leurs gardes, et renoncèrent à se voir. Le gamin cependant se désolait et, par un curieux phénomène, dépérissait davantage dans ce repos réparateur de ses sens. Il pleurait, maintenant, tout seul, le soir, essayant en vain, pour tromper sa douleur, de mettre à profit les leçons du frère, mais ne pouvant atteindre aucun résultat et s’endormant, le cœur gros, une larme perlant à ses cils. Origène de son côté, n’y tenait plus. Au bout de huit jours, il céda à la tentation grandissante et, voyant ses compagnons endormis, il se glissa, une nuit, chez son cher Bébé.

Ce furent d’inouïs transports, une joie immense, des baisers sans fin, des caresses