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Vous avez pour vous la Bible, les Confessions, la maison de France. Bientôt aussi vous conquerrez les artistes.

Mes souvenirs me servent-ils bien ? Est-ce qu’il n’y a pas dans Charlot s’amuse… une effroyable analyse de la condition de l’homme tout en besoins, courant Paris, sans le sou, rêvant au vice sans espoir de satisfaire son rêve, exaspérant son éréthisme devant les nudités photographiées qu’on expose sous le gaz des vitrines, et emmagasinant à chaque pas des désirs qu’aucun sexe n’apaisera, et dont sa main seule lui donnera la désespérante réalisation ?

Est-ce qu’il n’y a pas le tableau d’un atroce concubinage, d’un concubinage d’une modernité dantesque, tant la cohabitation de Charlot et de cette fille ramassée dans la rue, sous la botte de la police, dégage d’horreur simple et de tendre infâmie ?

Ces chapitres, les artistes les retiendront, soyez-en sûr, comme ils retiendront l’accusation que vous portez sur les abrutissements résultant de la vie militaire, et sur les misères