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nous représentions les signes naturels ou artificiels des idées renfermées dans ce sujet ou que nous ne prononcions intérieurement, mais très-foiblement les mots qui expriment ces idées. Or, il est assez évident que ce sont là des effets de la force motrice de l’ame qui s’exerce à la fois ou successivement sur différens points du sensorium. Ainsi, lorsque l’ame se représente un objet, et qu’elle se rappelle en même tems le mot qui exprime cet objet, elle excite deux mouvemens dans l’organe de la pensée. Elle agit d’abord sur la partie de cet organe qui répond aux extrémités du nerf optique ; elle y excite des ébranlemens analogues à ceux que l’objet y exciteroit s’il étoit présent. Elle agit encore sur la partie du même organe qui correspond à celui de la voix ; elle y produit un mouvement foible analogue à celui qu’y produiroit la prononciation du mot : si l’objet dont l’ame se retrace l’image est un fruit délicieux, elle pourra se rappeller en même tems la sensation que ce fruit a excitée en elle quand elle en a goûté. Ce sera donc un troisieme