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par des rapports encore plus légers. Enfin, par l’usage des termes l’ame donne à ses idées l’arrangement que les circonstances exigent. Elle dispose ainsi de ses idées comme bon lui semble, elle exerce sur elles l’empire le plus despotique. Le langage est tellement ce qui perfectionne toutes les facultés de l’ame, que la perfection de ces facultés répond toujours à celle du langage.

Les langues des nations les plus barbares sont aussi les langues les plus pauvres. Telles sont celles de diverses contrées de l’Amérique méridionale. Ces langues manquent absolument de termes pour exprimer les idées abstraites et universelles. Les idées de tems, d’espace, d’être, de substance, de matiere, de corps n’ont aucun signe qui les représente. Il n’y a point non plus dans ces langues de termes propres pour les idées de vertu, de justice, de liberté, de reconnoissance, d’ingratitude. L’Arith-