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l’exercer d’une maniere nouvelle ; soit enfin qu’il naisse de l’amour-propre inhérent à la nature de l’ame, & en vertu duquel elle se complait à exécuter ce qu’elle voit exécuter à d’autres ; quelle que soit, dis-je, l’origine de ce principe, l’enfant commence à bégayer : il rend des sons ; il répete ces sons ; il les diversifie plus ou moins. Mais ce ne sont point encore des sons articulés : l’enfant sent que ces sons different de celui qu’il entend prononcer. Il s’efforce d’atteindre à une plus grande justesse. Il se rend attentif à tout ce qui s’offre à lui. Il fixe les yeux sur celui qui parle : il observe les mouvemens de ses levres : il tâche d’imiter ces mouvemens. Il fait divers essais ; il réitere ces essais. Déja il a fait entendre un son qui se rapproche beaucoup de celui qu’il veut imiter. Il fait de nouvelles tentatives qui le rapprochent de plus en plus du but. Enfin il saisit le mot. Le plaisir qu’il en ressent l’engage à le répéter plusieurs fois. Il s’affermit ainsi dans la prononciation de ce mot. Ce premier pas dans le langage est bientôt suivi d’un second. La formation d’un mot facilite