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multiplient les sources du sentiment & le rendent plus actif. Bientôt les sensations acquierent assez de vivacité pour être accompagnées d’un certain degré de plaisir ou de douleur. L’ame commence à avoir quelque degré de velléité. Par sa nature d’être sentant elle desire nécessairement la continuation du plaisir & la cessation de la douleur. Mais ce desir est encore très-foible ou très-imparfoit, parce qu’il est proportionné à la foiblesse du sentiment qui en est l’objet & à l’impuissance actuelle de l’ame. Les organes du foetus plus développés sont par cela même plus accessibles aux impressions des objets environnans. Les nerfs qui y sont répandus étant ébranlés plus fréquemment et quelquefois assez fortement, font passer jusqu’à l’ame des sensations qui l’émeuvent. Une suite naturelle de cette émotion est le cours irrégulier des esprits dans différens muscles. Les contractions qu’ils y excitent font sentir à l’ame qu’elle est douée de la faculté de mouvoir : mais ce n’est encore qu’un sentiment vague, confus, indéterminé. L’ame ne connoît encore ni son corps ni l’empire qu’elle