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La morale peut se corrompre, parce que le sentiment des rapports peut s’altérer. L’amour propre, ce puissant mobile, ne cesse point d’agir : toujours il porte l’ame à chercher son bonheur ; mais ce bonheur revêt toutes les formes que l’éducation, la coutume, le préjugé lui impriment. Ici l’humanité tend vers la nature angélique ; là elle descend au niveau de la brute.

On peut disputer sur les mots ; les choses demeurent ce qu’elles sont. L’amour de la félicité ne differe point de l’amour propre : s’aimer soi-même, c’est vouloir son bonheur. La bienveuillance universelle n’est que l’amour propre le plus parfoit. Cet amour se complait dans le sentiment d’une perfection qui le porte à regarder les autres comme lui-même.

Une doctrine qui prescrit d’aimer son prochain comme soi-même, & qui nomme prochain tous les enfans d’Adam, est au moins la plus belle doctrine. Son auteur a été, sans doute, l’ami le plus zélé du genre hu-