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vu distinctement le vrai meilleur, et le jeu de la passion lui échappe en tout ou en partie. Elle vient ainsi à penser qu’elle s’est déterminée contre la vue distincte du bien ; quoiqu’il soit certain qu’au moment où elle a agi le vrai meilleur avoit disparu & fait place à l’objet de la passion. Un philosophe qui se trouveroit en pareil cas s’assureroit aisément de la vérité du fait : mais un vrai philosophe pourroit-il se trouver dans ce cas ?

L’ame se détermine donc toujours pour ce qui lui paroît le meilleur, & jamais elle n’embrasse le pire reconnu pour pire.

Telle est l’union de l’ame avec le corps, qu’à l’occasion de certaines idées qui s’offrent à l’ame, il s’excite dans le corps certains mouvemens qui rendent ces idées plus vives. Celles-ci, devenues telles, augmentent à leur tour la force des mouvemens ; & de cette espece d’action et de réaction résulte la passion qui augmente sans cesse. Les appétits sensuels se rendent plus actifs &