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tre cette union ; & rien ne nous force d’admettre cette loi secrete. Si cependant on aimoit à la réaliser, comme l’ont fait quelques philosophes pour expliquer par là plus facilement tous les phénomenes de l’économie animale, les ames seroient dans les corps organisés ce que les poids, les ressorts & les autres puissances sont dans les machines. Les ames présideroient aux mouvemens admirables de la digestion, de la circulation, des sécrétions, de l’accroissement, des reproductions, &c. Comme un enfant préside aux merveilles qu’enfante le métier que sa main ignorante fait mouvoir.

Je m’explique plus métaphysiquement. Les sens sont l’origine de toute connoissance. Les idées les plus spirituelles sortent des idées sensibles comme de leur matrice. Liée aux sens par les nœuds les plus étroits, l’ame ignoreroit pourtant à jamais leur existence si l’action des objets extérieurs ne venoit la lui découvrir. Elle ignoreroit de même la faculté qu’elle a de mouvoir, si le plaisir & la douleur ne l’en instruisoient par le mi-