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vérité de ces images, l’impossibilité où l’ame se trouve par l’assoupissement des sens de juger de ces perceptions intérieures par comparaison à celles du dehors, la jettent dans une illusion dont l’effet est nécessairement de lui persuader qu’elle veille. Elle agit donc conséquemment aux idées qui l’affectent si fortement : elle exécute en dormant ce qu’elle exécutoit en veillant. Elle imprime au corps une suite de mouvemens qui correspond à celle que la vue des objets occasionoit pendant la veille. Semblable au pilote qui gouverne son vaisseau sur l’inspection d’une carte, l’ame dirige son corps sur l’inspection de la peinture que l’imagination lui offre. Et comme cette peinture est d’une grande fidélité, on observe dans les mouvemens la même régularité, la même justesse, les mêmes fins, les mêmes rapports aux objets extérieurs qu’on observeroit dans ceux d’un homme qui feroit usage de ses sens & qui se trouveroit placé dans les mêmes circonstances. Si quelquefois l’ame commet des méprises, c’est moins dans la direction des mouvemens que dans le choix des objets ; c’est moins dans la fin