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moins l’exercice. L’ame ne veut pas moins en songe que dans la veille ; elle ne desire pas moins de persévérer dans un certain état ou d’en sortir.

Mais, lorsque l’ame imprime au corps une suite déterminée de mouvemens, n’intervient-il pour la produire qu’une seule volonté, pour ainsi dire, générale ; ou chaque mouvement est-il l’effet d’une volonté particuliere, d’un acte spécial de l’ame ? Lorsqu’un musicien joue un air sa liberté ne s’exerce-t-elle que dans le choix de cet air ; ou préside-t-elle à la formation de chaque note ? Voilà précisément le nœud de la question. Tâchons de le délier.

Un philosophe abîmé dans une profonde méditation enfile un sentier long & tortueux. Ce sentier le conduit à un bois ; le bois à une prairie. Il les parcourt : un obstacle se présente ; il se détourne. Il hâte, retarde, interrompt sa marche suivant que les circonstances l’exigent. Il regagne le sentier ; rentre chez lui, & n’a rien vu : encore moins son ame s’est-elle apperçue des divers mouvemens