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Pour m’appercevoir qu’on ne me tient plus la main, il faut me rappeller & me représenter qu’on me la tenoit un moment auparavant : autrement je pourrois bien m’appercevoir qu’on ne me tient pas la main, mais non qu’on ne me la tient plus.

Ainsi, pour savoir si en pensant à meurtre je suis modifié de la même maniere qu’en pensant à crime, il faut que j’aie eu deux modifications ensemble : car comment savoir qu’elles sont les mêmes ou différentes, si lorsque j’ai l’une je n’ai pas l’autre ? Non plus que je ne pourrois dire qu’un portrait ressemble à son original, si on suppose qu’en voyant le portrait il ne me reste plus d’idée de l’original & qu’en jettant les yeux sur l’original je perds totalement l’idée du portrait.

Si l’on réfléchit sur la mémoire, on se persuadera facilement que toute idée qui est une fois entrée dans le cerveau, s’y conserve toujours, quoiqu’avec plus ou moins de distinction ; en sorte que le cerveau ou, si l’on veut, l’esprit d’un Hom-