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continens, &c. C’est ce que les scholastiques appelloient thema complexum propositionis. En ce sens, tout ce qui occupe à chaque instant un esprit n’est qu’une idée, mais fort composée ou, si l’on veut, une grande multitude d’idées.

On ne sauroit expliquer les jugemens par le sentiment du passage d’une modification à une autre : 1°. parce que le jugement affirmatif n’est pas toujours la perception de l’identité de deux idées ; le nombre des propositions identiques étant fort petit ; mais la perception que toutes les idées partielles de l’attribut sont comprises dans l’idée du sujet : 2°. parce que le jugement négatif n’est pas non plus la perception que deux idées n’ont rien de commun, mais la connoissance qu’il y a dans l’attribut quelque idée qui n’est pas comprise dans celle du sujet : 3°. parce que pour s’appercevoir qu’on passe d’une idée à une autre, il faut, quand on a la suivante, conserver quelque sentiment de la précédente. Sans cela, on ne sauroit dire si on a changé d’idée ou si on a conservé la premiere.