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Le systême que je viens d’exposer n’a assûrément rien d’absurde ; mais il faut une tête métaphysique pour le bien saisir. Il est certain que nous n’avons aucune démonstration de l’existence des corps. L’auteur célebre des causes occasionelles

l’avoit déja prouvé, & les raisons qu’allegue le théologien anglois ne font que mettre cette proposition dans un plus grand jour. Mais afin d’être convaincus de cette existence, avons-nous besoin qu’on nous la démontre rigoureusement ? Les sens ne nous parlent-ils pas un langage assez clair, assez éloquent, assez énergique pour mettre cette vérité hors de doute & pour dissiper les nuages qu’une métaphysique trop subtile cherche à y répandre ? Certainement les hommes se persuaderont toujours l’existence des corps ; et si c’est une erreur que de la croire, jamais erreur ne fut plus difficile à reconnoître, jamais le faux ne ressembla plus au vrai.

Mais attaquons plus philosophiquement le systême de notre auteur ; n’y a-t-il point de sophisme dans ce raisonnement ? Il est évident que les