Page:Bonnerot - Romain Rolland sa vie son oeuvre.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Retour à la musique.
Haendel et l’Encyclopédie de la Musique


Mais, pour ne pas rompre l’unité de l’œuvre, il a fallu anticiper sur les dates, au risque de paraître oublier certains détails et de briser, légèrement, l’harmonie de cette vie laborieuse qui ne s’arrête pas à de glorieux incidents académiques.

Jean-Christophe est paru, et déjà R. Rolland, libre de toute attache professionnelle, a repris, avec une joie nouvelle, son rude travail ; la vie matérielle est assurée contre les hasards du lendemain ; le succès, sans qu’il l’ait cherché, est venu vers lui, avec la gloire ; enfin ses livres se vendent régulièrement et le chiffre de ses éditions commence à grandir chaque année et lui garantit une aisance relative, qui lui permet dès lors de poursuivre son œuvre en toute liberté d’esprit ; bientôt il éprouvera le besoin de réagir « contre la contrainte de dix ans dans l’armure de Jean-Christophe qui, d’abord faite à sa mesure, avait fini par lui devenir trop étroite. » (Colas Breugnon, Avertissement, p. 1). Et cependant, l’œuvre lentement et patiemment achevée, il éprouve, disait-il le 9 novembre 1912, dans une lettre à M. Paul Seippel (op. cit., n° 196, p. 236) « le sentiment de n’avoir encore rien dit, rien dit... Il semble que Jean-Christophe m’ait rendu le service de m’avoir délivré de l’énorme fardeau du passé. »

Roman d’un musicien, écrit par un musicien, symphonie formidable dont les trois parties se déroulent et s’équilibrent harmonieusement, tel est Jean-Christophe. Au seuil même de la Nouvelle Journée (pp. 11 et 12), écoutez encore cet hymne religieux et lent, hymne de