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aux environs de Vevey, et achever, dans le silence et le recueillement, quelques chapitres de la troisième partie de Jean-Christophe.

Il n’avait plus le temps désormais de reprendre ses cours de Sorbonne ; le 8 novembre 1911, un nouveau congé d’un an, pendant lequel il était suppléé par l’érudit musicologue André Pirro, lui permettait enfin d’accomplir ce voyage à Rome, retardé depuis 1910 par son accident. Séjour enchanteur de plusieurs mois, dont maintes pages de la Nouvelle Journée attestent la bienfaisante influence. « Quelle force et quel calme on y puise ! il faudrait y vivre des années », écrivait-il en mai 1912 à son biographe futur, Paul Seippel (op. cit. n° 196, p. 73).

Il revenait à Paris à la rentrée des vacances et, débordé par des travaux croissants, comprenant qu’il ne pourrait consacrer à sa tâche de professeur tout le temps qu’il voudrait, se résignait à quitter l’Université. Il démissionnait — non sans regret — le 12 novembre 1912, et le doyen de la Faculté des Lettres, M. Alfred Croiset, dans son Rapport au Conseil académique (1911-1912, édité en 1913, page 226), annonçait ce départ avec une certaine tristesse, parce que, disait-il, « le nom de M. R. Rolland, aimé du public, était pour la Faculté une parure et une force. »


Jean-Christophe et le Grand Prix de Littérature à l’Académie Française (1913)

Jean-Christophe était entièrement paru et Romain Rolland, comme « délivré de l’énorme fardeau du passé » (lettre à P. Seippel, op. cit. n° 196, p. 237), se préparait « au seuil d’un monde esthétique et moral nouveau », à de nouvelles