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tel épisode est un souvenir d’enfance de l’auteur, si telle silhouette ou tel paysage rappelle une figure amie ou un décor familier, il serait imprudent et inexact d’en conclure que les dix volumes de Jean-Christophe sont une confession ou une autobiographie. Olivier et Jean Christophe, si différents qu’ils paraissent l’un de l’autre, sont à des degrés divers et transposés, idéalisés, par le rêve, le portrait de Romain Rolland : l’un plus intellectuel, timide à l’excès, mais plus réfléchi, c’est Olivier ; — l’autre, brutal et intransigeant, est le héros cher à l’auteur et créé par lui, afin de lui représenter toujours l’homme qu’il voudrait être. Un léger brouillard d’automne enveloppe le décor et voile les visages pour qu’on ne reconnaisse pas nettement les choses et les gens ; tout se fond dans une grisaille lointaine.


Années de collège et de lycée

C’est au collège de Clamecy que Romain Rolland, un peu après la guerre de 1870, commença ses études et les poursuivit jusqu’à la rhétorique; l’École Polytechnique, à laquelle le destinaient ses parents, ne lui plaisait point ; mathématiques et sciences exactes se heurtaient à son impérieux besoin de rêve, de légende et de foi. Seule la musique lui semblait le refuge et le bienheureux abri ; il ne pouvait point s’en passer, il l’aimait; il voulait lui consacrer tous ses instants; il l’appellait « le chant des siècles et la fleur de l’histoire » (Musiciens d’autrefois, p. 9) et disait que c’était « un aliment aussi indispensable à la vie que le pain » (Introd. à une lettre de Tolstoï, p. 1). Sa douce mère, excellente musicienne, avait été son premier maître.