Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 2.djvu/319

Cette page a été validée par deux contributeurs.

semens ; mais sa curiosité, plus forte que sa peur, lui faisoit en même temps courber la tête et prêter l’oreille. Charles, aux ordres de sa mère, non moins superstitieux qu’elle, plus effrayé peut-être, se laissoit aller à la même attitude.

Il étoit bien vieux, cet homme qui agissoit ainsi sur deux existences royales : non pas tant vieux d’années, il n’avoit que soixante-deux ans ; mais vieux par les chagrins, les douloureuses insomnies, les larmes, les angoisses d’une vie si obstinément torturée ! il étoit décrépit, courbé sur lui-même, d’une maigreur rachitique ; — nous parlons de son corps. Sa tête avoit la sublimité de caractère qu’impriment une vertueuse résignation, l’habitude des hautes et généreuses pensées, le commerce des sciences appliqué au progrès de l’entendement humain ; ses yeux, cet organe qui dans chacune des hallucinations devoit avoir brisé ses ressorts, en quelque sorte ; — ses yeux avoient conservé physiquement leur bel enchâssement, les rides n’en avoient point déformé le dessin ni la noblesse, et, moralement,