Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 1.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il ne fût plus accessible qu’à un chagrin, Grignaux et Duprat le lui épargnèrent ; il étoit temps. L’héritier du trône, à défaut d’enfant mâle, le comte d’Angoulême, fils de Charles d’Orléans et de Louise de Savoie, avoit tenté de plaire à la jeune reine ; il voulut l’aimer et s’en faire aimer ; de sages avis le retinrent ; et Louis XII resta l’unique possesseur d’une enfant, qui, dans ses jeunes embrassemens, dévora le vieillard.

La soixantième nuit depuis cette union, le roi reposoit sa tête, devenue chauve et livide sur le sein éblouissant de Marie ; et, ressentant les angoisses que lui suscitoit son frénétique amour, en lutte avec sa caducité précoce, il tourmentoit sa couche, il parloit haut : dans le rêve de sa fatigante insomnie, il jetoit çà et là des mots qui se prenoient à la réalité du passé, au charme trompeur du présent, à la première et à la seconde épouse… à la France un instant… et bientôt à la mort ! Car vers le matin, il la vit distinctement se dresser devant le lit… Impuissant à la repousser, il tourna son regard avide et désespéré sur la