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Un soir, à l’heure où l’horizon est rouge, où la terre retentit de mille petits bruits, où l’hirondelle va chercher son nid, où l’alouette quitte la sommité des airs, et vient s’abattre silencieuse dans le sillon du champ, à l’heure où le passereau, le rouge-gorge arrêtent leur course vagabonde, et s’enfoncent dans les profondeurs du buisson ; à cette heure, sur la route mal frayée qui conduisoit d’Agen à Foulayronnex, un jeune homme chevauchoit lentement monté sur une mule, certainement retenue dans ses allures, car le noble animal, marchant le pied haut, frappoit à chaque pas la terre avec énergie, souffloit des naseaux, et de temps à autre essayoit de régler sa course sur sa force et son ardeur. Le cavalier, qui paroissoit avoir des pensées tristes à suivre, se prêtoit peu aux velléités de sa monture, et la ramassoit sous lui avec une aisance, une adresse dignes d’un écuyer riche de plus d’années, partant de plus d’expérience.

À vingt pas derrière, sur une mule d’un caractère infiniment moins prononcé, suivoit, la tête enfoncée dans les épaules, le corps un