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par la mer, tourmentée elle-même dans ses abîmes et rejetant ses lames monstrueuses dans les eaux du fleuve, le Rhône couvrit l’île de la Camargue, déborda les grèves d’Arles, et sur les tombeaux païens de l’ancien champ du repos, aujourd’hui Éliscamp, roula des monceaux de sable et d’énormes galets ; la pluie tomboit par torrens, puis des glaçons effilés comme des lances, dans le temps même où la foudre, crevant l’épaisseur des nuages, s’élançoit en flamme tournoyante, et de minute en minute, sur les habitations déjà ébranlées par les cascades des eaux, par d’épouvantables coups de vent, et battues en brèche par les glaces.

Pendant la journée qui précéda cette nuit désastreuse, l’atmosphère, lourde et chargée de miasmes étranges, agrava les influences pestilentielles ; les rues, obstruées par le défilé des civières, n’offrirent, sur tous les points de la ville, que l’horrible spectacle des morts portés par des mourans. Nostredame, hardi visiteur de cette cité infortunée, éprouva mille peines pour pénétrer près de la ruine du pa-