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d’une voix pleine de tendresse et d’onction, — recueillez-moi, ceignez mon front de la blanche couronne que je portois le matin de mes noces ; conduisez vous-même mon corps au cimetière, vous le pouvez, vous le devez ; je meurs aussi pure que je l’étois le jour de mon baptême… Sire de Beauvoisin, mon tuteur, mon second père, n’écrivez sur ma tombe que ce nom : Anice Mollard… Oh ! me laissera-t-on mourir si jeune !… J’étouffe, je brûle !… Ah ! ah !… Nostredame !…

Elle poussa un cri perçant, se tordit sur son lit,… et, dans l’effort d’un second cri, elle mourut.

De tout ce monde qui l’entouroit, pas un, si ce n’est Scaliger, qui ne la crût encore vivante, malgré l’effrayante macération des chairs de son visage. Il sembloit impossible que si peu de temps pût suffire à la mort pour détruire un être si jeune ; et le détruire sans avertissement, sans retard, sans merci, tout de suite, — dans l’intervalle d’une pensée à une autre. Le coup étoit poignant pour l’assistance. Laurette fut la première à obéir au vœu de la