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doit depuis long-temps, et que l’objet de son attente avoit le tort de la prolonger ; déjà, dans sa rêverie, inclinant une petite cruche déposée sur le bord de la fontaine, où elle-même étoit assise, elle avoit épanché goutte à goutte toute l’eau contenue dans le vase ; et qui pourroit dire les pensées diverses que poursuivoit la jeune fille, dans le temps que l’eau mettoit à tomber !

L’impatience alloit la prendre, lorsqu’une toque de velours noir, sur laquelle étoit attachée une jolie rose, tomba sur ses pieds…, il étoit temps. Elle sourit, se baissa, détacha la rose qu’elle plaça promptement sous sa gorgerette, et lança la toque sur la branche d’un saule, en disant d’une voix rieuse :

« Va chanter, bel oiseau ! »

Un baiser bien loyal retentit sur son cou ; elle cria, rougit, et se retourna pour gronder l’audacieux… Il étoit déjà dans l’arbre, où, vainqueur, il agitoit sa toque noire.

— Pour votre châtiment, messire écolier, restez ainsi perché, et m’écoutez :