Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 1.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le cercle d’idées où vouloit le placer Antoine Minard ; car le jeune philosophe, descendu des hauteurs de sa raison, pour se mettre à la portée d’un amour de femme et d’une voix d’enfant, laissoit faire à l’éloquence de l’écolier, et à son insu se trouvoit disposé à en accueillir les paroles avec une docilité due à la maturité d’un autre âge.

— Oh, maître Michel de Nostredame ! — reprit le docte élève de Boncourt, accompagnant son langage austère d’une physionomie sérieuse. — Vous ne pouvez ainsi renoncer à ce qui est inné en vous, la passion de l’étude… Non, vous ne le pouvez, vous ne le ferez pas… Vous ne briserez pas, ingrat et sacrilége, les récipiens, les vases, les fourneaux éprouvés et consacrés par le feu scientifique entretenu dans vos veilles ; — vous ne déchirerez pas ces livres qui vous ont servi de flambeaux dans la route tortueuse et profonde où vous êtes engagé… ; vous ne consentirez pas à vivre de la vie commune, à n’avoir que le nom de votre père, au lieu d’un nom qui seroit le vôtre !