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ou bien assise sur le banc de la niche de saint Pierre. L’obsession d’une pareille idée étoit trop condamnable pour s’y livrer plus long-temps, le supplice de leur séparation étoit trop cruel pour le subir un jour de plus, — elle lui enjoignoit donc, mais avec toute l’autorité d’une souveraine ou d’une femme qui auroit trop accordé pour ne pas être en droit de demander beaucoup, elle lui enjoignoit de partir à l’instant, de venir à Arles y exercer sa profession… Le greffier au baillage, son oncle, voyant grandir sous ses yeux si grande science et si belle renommée, lui accorderoit, à n’en pas douter, le don de sa nièce. Elle alloit compter les jours, et, chaque lever du soleil, interroger au loin, sur la route d’Arles à Montpellier, toute ombre produite par le voyageur, toute poussière élevée dans le lointain, au détour du chemin… Le juif Élie Déé, porteur de cette lettre, étoit bien connu de son oncle, qui, en mainte occasion, l’avoit préservé des questions et enquêtes de la prevôté et de la justice du baillage ; il pouvoit donc recueillir de cet homme, en toute confiance,