Page:Bonnellier - Nostradamus, 1833, tome 1.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avant-coureurs de la peste et d’une grave inflammation cérébrale, réunis ensemble sur ce vieux corps, sans pouvoir le briser. Car c’est un fait physiologique d’une vérité bien triste, mais incontestable, que les mauvaises natures morales sont en général pourvues de ressorts anatomiques et de facultés sanguines ou nerveuses d’une condition robuste qui les rend moins accessibles ou moins dépendans des affections morbifiques. « Les bons s’en vont, les mauvais restent, » a-t-on dit dans toutes les langues, et ce proverbe trivial, comme la plupart de ceux ainsi formulés, est certainement né d’une observation pleine d’authenticité.

Élie Déé ne s’en alla pas. Il devoit y périr mille fois, il survécut ; poursuivi par une seule idée qui aurait dû prolonger sa fièvre et sa souffrance, l’idée du désastre opéré sous ses yeux, dans l’incendie des titres de créances d’Abraham Ochosias. Alors le vertige et la fureur le saisissoient ; il tordoit ses bras, il rouloit les couvertures de son lit, les étreignoit contre sa poitrine, comme il avoit fait