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mais vous, donnez-moi quelques instans pour lire ce billet, et reposer sur ce papier les souffrances de mon ame.

— Faites donc, répondit Élie Déé, avec l’expression du dédain.

Il est bien probable que si la lecture de la lettre de Laure avoit été confiée à son étrange messager, elle auroit à peine absorbé le temps nécessaire à un oiseau pour voltiger d’un rameau sur un autre ; mais un amoureux veut toujours trouver trop de sens au billet écrit par sa maîtresse ; après le sens banal, il en cherche un autre mystérieux, qui ne sauroit être distinct qu’à son intelligence ; il lui semble que la lettre va se lever, comme un relief, et offrir à son regard la pensée qui n’est pas écrite, mais qu’enfante la rêverie d’amour ; il lit, commente et relit, s’applique à la double entente, et, de cette fatigue d’esprit, se fait un bonheur qu’il prolonge.

Peu de lignes remplissoient le papier écrit par mademoiselle de la Viloutrelle ; mais elles devoient avoir le sens énergique qui convenoit