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mort. Heure de minuit, vint le tourmenteur pour fouiller dans les plis de ma vieille robe ; il dressa son échelle contre la potence, monta ; ses semelles effleuroient déjà mes épaules, sur lesquelles le hideux oiseau de proie alloit s’accroupir… La corde cassa, pendu et bourreau tombèrent sur le sol : le pendu ressuscité et libre, le bourreau presque mort de peur et estropié ; sa jambe étoit brisée… J’ai couru vers l’Espagne.

Un bûcher m’y devoit consumer sur la place du marché de Tolède, car j’avois acheté d’un sorcier le droit de mourir à sa place. Je monte, moi quinzième acteur, sur le théâtre de l’auto-da-fé ; le bûcher s’affaisse au moment où la fumée monte, je disparois sous les branchages verts qui font la base de l’édifice ; et lorsque les cendres de mes quatorze compagnons, poussière convertie à la foi de l’inquisition, tombent en rosée brûlante sur ma tête, je me débats sous les branchages de support, je me glisse, je me débarrasse, je me montre. Le peuple applaudit, demanda à l’évêque de me canoniser… j’étois juif !