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Montpellier : elle étoit bien vieille ; l’artiste qui en étoit l’auteur avoit porté un ciseau timide sur un morceau de talc d’Italie, n’avoit fait qu’ébaucher les formes du corps, les lignes du visage, réservant la hardiesse de son génie pour la sculpture des clefs symboliques qui désignent aussitôt saint Pierre à la piété des fidèles, le personnage seroit-il vêtu du bournousse arabe et coiffé du turban de Mahomet. Le talc a la propriété de s’enlever par feuilles ; un des côtés du visage de la statue pouvoit l’attester, et cet accident en altérait inévitablement la pureté du dessin et la ressemblance. Le temps, complice de la malveillante impiété des enfans du pays, avoit, en quelque sorte, miné l’apôtre par les pieds, à ce point que plusieurs fois des maçons, ayant sans doute une dévotion particulière au porteur des clefs du paradis, avoient raffermi son immobilité par des couches de ciment, qui même depuis long-temps offensoient les yeux amateurs de la belle statuaire.

L’amour est superstitieux, tout incident se présente à lui comme un augure ; les deux