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Ces heureux Belges ne s’aperçoivent pas que les kilomètres se déroulent et que depuis une heure ils ont quitté le campement. Ils vont au cœur de la ville, vers la gare du Nord ; en voici la façade et les statues grises. Ils rêvent aux travaux d’hiver qu’ils entreprendront dans le pays, les uns retrouveront leur place à la sucrerie, les autres, insouciants, se terreront dans le village, élèveront trois cochonnets et vivront des économies amassées en France.

Lorsqu’ils entrent dans le hall, Didier ne les perd pas de vue. M. Wlaemick s’entretient avec un employé au travers d’un guichet, les autres l’attendent, les enfants s’assoient sur les baluchons ; les étrangers dévisagent la tribu qui devise à grand bruit. Un sergent d’infanterie promène là son ennui et sa jugulaire, des banlieusards cognent des bourriches et des paquets sur les portes vitrées qui sonnent, un agent de la Compagnie en veste bleue lance des oh ! et des hep ! pour déranger tout le monde en poussant un diable égaré dans ce corridor. Enfin,