Didier attend sur le trottoir. Et il se cache lorsque les émigrés sortent de la boutique car il ne veut pas être remarqué. Il ne joue plus. Le chômage a troublé son insouciance. Mais il accompagne la troupe à dix mètres.
Soudain Wlaemick se retourne et s’arrête ; lorsqu’un chien perdu s’attache à vos pas, vous lui lancez une pierre pour qu’il détale et disparaisse. Didier, le naïf, a-t-il peur qu’on le chasse de la même manière ? Non, il ne raisonne pas. Un instinct obscur le meut, peut-être la crainte d’un affront : il se sauve comme un chien, il court tête baissée, et puis il glisse un regard vers les ouvriers qui vont paisiblement, qui ne pensent pas seulement au petiot. Quelle mouche a piqué ce trembleur ?
Il fait demi-tour. Tout espoir n’est pas mort : il rattrape les compagnons et résolument leur emboîte le pas. S’il osait même, il s’accrocherait à la jupe de la bonne femme qui tient son poupon dans ses bras et qui jadis donna la soupe au fuyard de la rue.