Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

timidement se rapproche des briquetiers, il marche maintenant tout près d’eux, il joue, il joue à celui qui va partir en voyage avec papa. Il s’imagine être Franz ou Hinri, les fils du chaufournier qui courent en « chahutant » autour de la compagnie. Ce Didier joue au fils de famille !

Même un compagnon lui parle, lui enseigne pourquoi l’on ne fabrique plus de briques en hiver : parce qu’on ne construit pas pendant le mauvais temps, parce que dans le bâtiment, c’est le chômache !

Le chômache ! Un mot que Didier n’a jamais entendu, des syllabes qui évoquent l’idée d’une boue gluante dans laquelle on enfonce, on patauge, quelque chose de noir, de sale, d’interminable. Le chômache ! Ça veut dire, explique le Belge, quand on n’a pas d’ouvrache et qu’on a faim !

On traverse la rue Pixérécourt ; on prend la rue de Belleville, on boit une chope chez un débitant dont l’enseigne a su attirer les briquetiers :

À la Bière des Flandres.