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En route !

Au bras de sa femme, à pas de canard, Ricknaer ouvre la marche et les groupes bavards s’égrènent, certains bras dessus, bras dessous, chaloupant comme des matelots, le haut Wlaemick grave, les dominant tous, tambour-major de ce bataillon d’émigrés en marche vers la terre d’origine.

Paris se cache derrière une écharpe de brume et dans le ciel gris de lin cheminent des nuages en dentelle. Tel un chien suivant ses maîtres, Didier à quelque distance suit les Belges. De temps à autre, un des hommes jette un regard vers lui, des exclamations vont à ses oreilles, Julia se retourne, le brillant des larmes agrandit ses yeux, elle sourit en cachette à son ami… Les Belges franchissent la porte de Bagnolet où les octroyers flaireurs tripotent les mouchoirs bleus, les enveloppes à carreaux qui ferment les paquets. Les Popauls se répandent dans la rue Pelleport ; le dur accent de leur langage fait retourner les gamins du faubourg. Didier