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Dans la cour il rencontre des groupes, des ouvriers en veston et en cotte, la compagnie des fours, les piocheurs, les mouleurs, les sécheuses, les presseurs, les rouleurs, ceux des machines qui fabriquent les grands pots, les chaufourniers, les femmes tiraillées par la marmaille, et qui ressemblent aux bohémiennes diseuses de bonne aventure. Tous les gars ont des sacs à outils sur les épaules et, sous les vestes, des tricots barrés de porte-montres qui ressemblent à des chaînes de chien.

Wlaemick est au milieu des travailleurs, il avise Didier et l’appelle d’un signe :

— Nous avons des comptes à régler, petit gas, viens au bureau.

Là, il lui tend des pièces : un écu, un louis et des pièces blanches. Didier est ébloui. Jamais il n’a vu tant d’argent amassé : à la maison, le père ne rapportait à la fois jamais plus de cent sous, car à son patron il réclamait des acomptes chaque jour. Le livreur mettait dans une boîte l’argent du terme, ce qui faisait en tout