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Faut pas qu’il nous voie la brouette à la main. Viens, on va jouer au supplice.

À partir de ce jour, Didier mène une existence de pacha. Il reste couché jusqu’à des sept, huit heures le matin, il va se promener avec les petits camarades, tous en congé, dans Bagnolet, il regarde rouler la brouette par les hommes qu’on a embauchés à sa place. Et puis il dort, il dort l’après-dîner.

Ce qui gâte un peu sa joie de dormir et de ne rien faire, c’est la peur d’être remercié complètement, de se trouver encore une fois sans abri. Mais non, il joue, il mange, il dort et tout cela sans travailler.

À l’aube, résonnent les trompettes des soldats. Didier siffle déjà toutes les sonneries : le réveil, le « C’est pas de la soupe », il rend visite aux dragons cantonnés près de l’usine, qui moulent le café d’une singulière manière : en écrasant les grains à coups de crosse. La soupe qu’ils préparent sent bon. Autour des cavaliers, tous les gamins du pays font cercle et parmi ce