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tremblent de colère et se mordent les lèvres… Bientôt la cour est évacuée, les manifestants inondent la rue et les gendarmes se ruent à leurs trousses. Dans l’usine, la force publique ne pouvait manœuvrer à l’aise, elle était patiente ; au large, elle venge les injures faites à l’armée. Didier, revenu au milieu des siens, entend le bruit d’une charge, des pas pressés, puis des cris et une détonation.

À la briqueterie, les hommes ne travaillent plus ce jour-là et Wlaemick qui les regarde n’ose les harceler ni les « pousser au feu », car la trombe qui passa sur l’usine secoue encore les compagnons et leur chef.

Des gendarmes sont en faction à la porte, dans la cour, et le soir l’un d’eux garde le cuiseur qui nourrit les bouches du foyer. Cette nuit-là est plus calme que les autres nuits. Mais on sent que le silence couve des flammes, que dans l’ombre, deux armées veillent et se recueillent pour les prochains combats.