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un pli balafre le front de Wlaemick. Des cris, des chants planent et des têtes apparaissent à la barrière de l’usine, une centaine d’hommes et de femmes, tous armés de triques, précédés, suivis, encadrés de gamins qui gambadent, s’échappent et reviennent. C’est, dans un ciel calme, l’orage subitement déchaîné qui frappe de terreur les compagnons de la briqueterie. Ils écoutent le souffle de la horde qui clame :

Dansons la syndicale
Hardi, garçons,
Organisons
La grève générale,
Vive le son
Du canon !

— Les crévistes !

En criant le mot, les briquetiers de l’usine font le signe de la croix. Comme la vague qui mugit et submerge la rive, la troupe envahit la cour, les enfourneurs, les presseurs reculent devant le flot. Seul, Didier, bras ballants, reste immobile et n’a pas peur…