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a vaincu la charge, il restera maître du foyer. Il boit le feu qui éteint son souffle, il boit la sueur qui coule de sa tignasse et roule sur son nez, il sent crever ses artères sous les coups du sang. Il retourne à l’incendie, lui dérobe quelques briques. Le feu, derrière une ceinture de pierre, apparaît en boule comme un soleil. Didier pousse un cri, la flamme en retour a mordu son visage. Quelqu’un passe et retient le petit qui s’assoit sur l’argile. Il bâille, il avale l’air frais ; il a reçu le baptême du feu, cet enfant de troupe : sur son nez et sa joue, cinq centimètres de peau ont flambé.

Le chef le regarde avec un sourire, le frappe à l’épaule et lui dit doucement :

— Va reprendre ta voiture, t’es pas un homme, t’es une omelette !

Autour de lui, les hommes sont atteints d’une fièvre qui confine à la furie. Ils se ruent au travail, mangent à peine, pour économiser le temps ; boivent de larges gouttes à tout instant du jour pour exciter leur énergie. Cinq manœuvres ont