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Leur amitié est fraternelle, très pure. Les mauvaises pensées n’assaillent pas ceux que les travaux forcés meurtrissent. La lassitude qui brise les membres monte jusqu’au cerveau mais n’engourdit pas le cœur. Cette amitié d’enfant naît du labeur commun. On est si faible qu’on se rapproche. Didier et Julia s’endorment, main contre main… et ils sourient encore à l’aube, ce qui rend moins amères les rudesses du réveil.

Les patrons de Didier, domiciliés à Charleroi, sont Guillaume Wlaemick et son beau-frère Philippe Ricknaer, tâcherons-briquetiers qui, depuis plus de quinze ans, exploitent les propriétés et le matériel de M. Fongard, industriel à Paris.

Des deux Belges, un seul, Wlaemick, a la direction de l’entreprise. C’est un grand gaillard couleur de rouille, rieur et grognon. Hercule du travail, il est le tâcheron-né, il boulonne comme un forçat, il exige de ses ouvriers un travail égal au sien et, fureteur, guigne de son œil bleu tout son monde.