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ces. Sur le coup de huit heures, le matin, Didier ressent une fatigue qui annonce le moment du casse-croûte. Lorsqu’il a la crampe dans les cuisses, les bras insensibles, il est onze heures et il est temps aussi de reposer les brancards, à moins de tomber le nez sur l’argile… Le repas du soir est délicieux, non point à cause des mets, — Didier ne distingue plus la saveur du lard, des haricots secs, des pommes de terre, ou du collet de bœuf — mais parce qu’il indique la fin du travail. Au contraire, Didier n’aime pas le genièvre, parce que la goutte précède le départ de la première voiture à bras… Pour lui, la vie est une colline escarpée qu’il gravit, la brouette aux mains.

Un soir, comme il s’endort, il sent qu’un visage s’approche de son visage, il lui semble qu’on l’embrasse. Il tend les bras, il reconnaît dans le crépuscule une de ses compagnes de lit : Julia. Ils parlent : Didier dans le langage de Belleville ; elle, dans le langage de Flandres. Ils se comprennent.