Page:Bonneff - Didier, homme du peuple.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la soulever, de la pousser, il se revoit dans la cour, il gémit comme la veille lorsqu’il mettait le véhicule en route. Il s’éveille complètement… Il est bien sur cette paillasse qui supporte ses membres encore endoloris ; oui, mais dans cinq minutes peut-être, il faudra se lever. Cette idée apporte avec elle un malaise. Les paupières de l’enfant se ferment, il lui semble qu’il vient de déposer la charge et de se coucher. Le temps passe au lit si vite que Didier ne veut pas se rendormir — quand on dort, on n’a pas conscience de son bonheur —, mais goûter le plaisir ineffable de se sentir étendu, de n’avoir pas à déployer de forces ! Le sommeil rôde autour de ses yeux, il en fait le siège, mais l’enfant ne veut pas céder… Trois minutes il résiste… Un compagnon de lit pousse un cri de cauchemar, les souffles se mêlent, les respirations chantent, Didier béat, s’engourdit et se rendort.

… Le four est vaste comme un temple. Les flammes tapies dans les voûtes l’envahissent, encerclent les travailleurs, le feu monte jus-