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V


Sur une paillasse crevée d’où s’échappe et déborde le crin comme le sang d’une blessure, trois petits sont couchés en large.

La paillasse étripée est étendue sur la terre où tombent les pieds des enfants… Didier s’éveille quand le jour entre furtivement dans le rez-de-chaussée peuplé de formes grises… Didier aperçoit des êtres grandis par l’ombre, qui gisent à ses côtés, bouches ouvertes, têtes renversées, bras tendus. Entre le rêve et l’éveil, il y a place pour les folles terreurs. L’enfant se fait petit, se serre contre le mur ; puis il se souvient, reconnaît ses compagnons qui dorment et les pensées, tristes visiteuses, viennent l’une après l’autre frapper à son esprit.

D’abord, la brouette. Didier a la sensation de