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faiblesse. Quand le chargeur l’interpelle : — Eh ! loustic, mets-toi en route !

Didier balbutie, son sang remonte à ses oreilles, son cœur bat d’angoisse et de honte.

C’est vrai qu’il est trop faible pour rouler la voiture. Alors on n’a plus qu’à le renvoyer.

Mais voici que deux petites mains pénètrent dans la brouette, enlèvent prestement quatre, puis quatre autres briques, et disparaissent si vite que Didier n’a que le temps d’apercevoir un bonnet au-dessus d’un sac et une culotte de velours qui s’enfuit. Il ne pense pas d’ailleurs à remercier la petite Julia qui lui est venue en aide, car, attelé aussitôt, et commandant à toutes ses forces, il roule la voiture allégée, il meurtrit ses mains aux brancards rugueux. Le terrain est collant, la charge entraîne de côté la charrette pour la faire verser. Le trajet est long, le fardeau est lourd, il a huit ans !

Son cou disparaît dans ses épaules, ses mâchoires s’écrasent, il va, fonce vers le but lumineux, vers le four que l’on dalle sans répit sous